Une pierre, une mare et de la vente par correspondance

Je me souviens distinctement de ce muret en ciment couvert de crépi où une génération d’enfants s’était égratigné tout ce qu’elle comptait d’articulations et a englouti moult fois son volume en Mercurochrome© et bisous magiques©. La mince platebande de pensées rongées par le temps courait autour de cette bâtisse vieillotte, tant par sa mise que par son passé. Derrière la façade, un salon en temps normal mal éclairé, la lumière du jour ne dérangeant que rarement le linoléum pégueux. La couleur, tout l’inverse de blafarde, semble se répandre autour, de ses nuances chaudes et beigeasses, rongeant les propriétés chromatiques du mobilier élimé. Çà et là, les indices de vie d’une faune familière turbulente suggèrent immanquablement un vacarme incessant, où les plages de calme seraient un vœu pieux ; et c’est à la fois erroné, le calme est d’autant plus prégnant sans la compagnie de la solitude, mais aussi très juste, car pareille demeure a une vie propre, propre à sa quasi-ruralité, où la charpente et les alentours travaillent de concert à nier les quelques véritables silences.

Cette cuisine, ce formica blanc transpirant le gras et les saveurs riches, s’éventre sur les autres pièces, déversant sa chaleur, les nourrissant de vie. Foyer de réunions familiales interminables et révolues, ce minuscule réduit d’où sorte d’inconcevables quantités de denrées.

Qui y âge ?

Le train fait un arrêt en pleine voie, quelqu’un sort par la trappe malgré les annonces, et la laisse ouverte.

Des flots de polenta s’engouffrent par l’ouverture sans que ça n’inquiète personne. Une petite paluche bleutée pend mollement du tas qui maintenant obstrue le jour de la trappe. L’amoncellement cesse, une coulée découvre le reste du bras et le visage du Cookie Monster.

Inventaire

La procrastination, voilà à quoi renvoie la « plume », il n’est pas de meilleur instant pour écrire que lorsque l’on a plus le temps de le faire. Le travail éventuellement effectué par avance, balayé par les idées plus récentes, comme partout, le dernier qui parle a toujours raison.

L’esprit plus rapide que l’œil plus rapide que la main, déjà deux niveaux de déperdition et aucune décision exécutive ou choix éditorial n’est encore intervenu.

La phrase absconse, le verbe râpeux, la lecture des productions, même uniquement mentale, laisse la majorité pantoise (la raison la plus probable étant une crise épileptique induite, localisée et intermittente). L’écrit a subrepticement pris ces derniers temps un aspect tortueux. Le fond l’a toujours été, par choix, mais la forme aussi commence à montrer des signes de corruption avancée, et ce malgré certains efforts. Le manque de réelle pratique sur une durée suffisamment conséquente pour être incidente a bon dos, mais reste une piste intéressante de potentielle rédemption, et en l’absence d’alternative…

– Eloi

Raison Sociale

Sachant que je ne vous dois strictement rien, considérons cette explication comme pro bono. Paradoxalement, elle finira dans les tréfonds des archives de ce misérable cybercarnet.

Mon statut de Pontifex pourrait me permettre de ne pas me plier à cet exercice, mais mes collaborateurs/sous-fifres/esclaves/stagiaires peu enclins à la compétence qu’ils sont auraient tôt fait de se blesser avec la première pierre de cette vaste fumisterie virtuelle, vous êtes donc doublement honorés, tâchez de vous en montrer digne, un minimum.

Ce cybercarnet est une éphémère expérimentation de familiarisation aux nouveaux travers de la société. Le nom n’est ni plus ni moins que le nom de mon propre cabinet juridique, mon propre patronyme ne convenant pas dans la mesure où la tâche de le remplir incombera généralement à mon personnel corvéable mes associés.

Le cabinet tire son nom de ma propre fonction, accordée avec les titre et terres associés pour services rendus. Pour des raisons relatives à mes velléités d’anonymat et par la plus basse vanité, je ne m’étendrai pas davantage sur mon humble personne.

Pontifex J.

« L’innocence ne prouve rien. »