En trop pire

Je m’en souviens dans ses moindres détails changeants, ses formes sujettes à mes envies, mes facéties. Elle est le siphon de mon existence, ce vers quoi tout en moi tend. Chaque expérience, la plus infime sensation, étirées, étiolées sur d’effroyables distances, englouties dans un maelström d’inimagination, l’insuffisante somme de mon être.

Elle appelle, aguiche, caresse, courrouce, cajole, réduite qu’elle est par l’étroitesse de mon entendement.

Son évidence est désarmante. Elle ne coule pas de source, elle en est le lit, la dénivellation et la précipitation.
Là où les souvenirs remontent, elle attend, un mince sourire indéfectible, le plus anodin des outils, une clef qui vous ouvre jusqu’à l’âme.
Où que scrute l’œil de l’esprit, qu’importe la direction, elle se fond à la vision, comme gravée dans sa cornée.
Une seule image lui rend véritablement justice (elle et moi nous unissons pour rire de manière condescendante au terme), celle du trou noir. Obscur évidemment, mais bien plus encore, insatiable, insondable, elle dévore invariablement ce qui passe à sa portée et , perceptible uniquement par ce qu’elle n’a pas encore laissé s’abîmer.

La rêve-je ou est-ce elle qui me songe ?

Laisser un commentaire