Une pierre, une mare et de la vente par correspondance

Je me souviens distinctement de ce muret en ciment couvert de crépi où une génération d’enfants s’était égratigné tout ce qu’elle comptait d’articulations et a englouti moult fois son volume en Mercurochrome© et bisous magiques©. La mince platebande de pensées rongées par le temps courait autour de cette bâtisse vieillotte, tant par sa mise que par son passé. Derrière la façade, un salon en temps normal mal éclairé, la lumière du jour ne dérangeant que rarement le linoléum pégueux. La couleur, tout l’inverse de blafarde, semble se répandre autour, de ses nuances chaudes et beigeasses, rongeant les propriétés chromatiques du mobilier élimé. Çà et là, les indices de vie d’une faune familière turbulente suggèrent immanquablement un vacarme incessant, où les plages de calme seraient un vœu pieux ; et c’est à la fois erroné, le calme est d’autant plus prégnant sans la compagnie de la solitude, mais aussi très juste, car pareille demeure a une vie propre, propre à sa quasi-ruralité, où la charpente et les alentours travaillent de concert à nier les quelques véritables silences.

Cette cuisine, ce formica blanc transpirant le gras et les saveurs riches, s’éventre sur les autres pièces, déversant sa chaleur, les nourrissant de vie. Foyer de réunions familiales interminables et révolues, ce minuscule réduit d’où sorte d’inconcevables quantités de denrées.

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